Author : sophie FURBATTO

Le malentendu

Le malentendu est la première cause de nos difficultés de communication.

Puisque nous parlons la même langue; nous parlons du principe que les mots et les expressions qui vont avec ont le même sens pour tous.
Pourtant nous avons tous au moins un exemple de malentendu, de quiproquo dont les conséquences auraient pu être évité par une une recherche de sens.
Et malgré cette expérience largement partagée, une parole malheureuse, l’emploi d’un mot pour un autre, le spectacle d’un comportement qui heurtent nos valeurs et patatras, les esprits s’échauffent
Notre esprit est secoué par une succession de pensées de toutes sortes.

  • Des pensées d’appartenance, elle forme une collection empilée de toutes les idées ou croyances qui nous relient aux autres. On y trouve la pensée tribale, la soumission à l’autorité, l’émulation, les croyances religieuse, etc.
  • Des pensées de préservation, elles vont nous encourager à rester cohérence, à préserver nos intérêts, à appliquer et parfois promouvoir nos croyances, à préserver l’image que nous avons de nous même et que nous donnons aux autres.
  • Des pensées analytiques, c’est le siège de la pensé rationnelle, ça pense ce que l’on pense de ce l’on pense à l’infini. C’est une pensée construite qui peut être fulgurance, intuitive, complexe.
  • Des pensées brutes : C’est la pensée qui traduit le monde extérieur sans altération. C’est notre pensée la plus rapide. C’est notre premier canal d’information avant l’interprétation. Cette pensée entraine les trois précédentes et aussi les automatismes (pensée et corps)

Ces pensées ont un fruit : les émotions. Elles sont plus ou moins fortes et elles vont faire réagir notre corps.
ces réactions du corps sont aussi interprétées par notre pensée qui vont donc générer d’autres pensées et ainsi de suite.
Dans ce cycle pensée –> émotions –> comportement –> effets du comportement –> pensée peut aussi bien être vertueux que vicieux.

Ainsi, la peur, la colère, la tristesse, les émotions qui naissent du malentendu en aggravent encore plus les conséquences.

Qui de peur de paraitre idiot ou faible va s’enfermer dans une posture rigide.
Qui accablé de tristesse va mettre de côté ses amis, sa famille, son travail avec parfois des conséquences irrémédiables.
Qui ivre de colère va blesser par ses propos ou ses actes des proches amis ou familles en le regrettant la colère passé.
Ces émotions mal régulées agissent contre notre bénéfice. D’autant plus que nous nous sentons soumis à leur inexorable puissance comme si, nous ne pouvions pas faire autrement. Seule l’envie d’aller mieux et la mobilisation de notre volonté nous permette parfois de limiter les dégâts. seulement, la volonté est une ressource difficile à mobiliser longtemps. La nature reprends très vite ses droits car nos pensées protectrices et d’appartenance sont puissantes, elle nous permette de nous intégrer dans un groupe et d’y maintenir notre place. Elle ont un fonctionnement automatique et systématique, ce qui les rend fréquente et donc puissante par le nombre. Les émotions qu’elle enclenchent agissent de fait comme des chiens de de garde féroces prêt à mordre ceux qui les menacent. Essayez de réfléchir posément devant un chien qui grogne et menace de vous mordre. La pensée analytique ne peut s’exprimer pleinement quand le tourbillon d’émotion est trop puissant. la seule solution est de réduire cette puissance en la ramenant à un niveau acceptable pour l’expression de la pensée analytique.

Par voie de conséquence, en apprenant à réguler nos émotions, nous sommes plus ouverts à une meilleure compréhension du monde.

En limitant ma colère à la reconnaissance de ma colère, à ses raisons objectives, je peux passer à autre chose. L’analyse sur le fond de la situation et la recherche de la réponse qui m’apportera le plus de bénéfice, à court, à moyen et à long terme. En reconnaissant ma peur, je peux m’assurer de sa légitimité.
Je peux mesurer, l’ampleur des risques, du danger que je prends. En accueillant ma tristesse, je peux démarrer un deuil, préparer l’après ou vivre le présent différemment. Cela nécessite que je prenne la responsabilité de mon ressenti, de mes pensées et de ce que je décide d’en penser et donc d’en faire.
La réponse émotionnel est bon capteur de la présence du malentendu.

En effet, nous pouvons détecter ces malentendus en observant la réponse intuitive de notre corps : les émotions.

Mon cœur s’accélère, ma mâchoire se serre, mon ventre se raidit, ma voix monte dans les aigues, ma respiration s’accélère ou se coupe, ma peau devient moite ou ma bouche devient sèche, j’ai besoin de déglutir.
J’ai soif d’une gorgé d’eau, j’ai les mains moites, j’ai les joues en feu, j’ai les yeux baigné de larmes, j’ai l’impression que mon cœur explose ou que des papillons circulent dans mon ventre.
Ces signes physiques trahissent une émotion. Avec le temps et l’application de techniques simples, vous pouvez les détecter rapidement et organiser la contre-offensive. Vous diminuez progressivement les nuisances de vos émotions sur votre pensée analytique.

Ainsi quand cette détection est pleinement maitrisée, une seconde compétence peut se développer : l’analyse et la résolution de problème.

Une fois que j’ai pu prendre conscience que je vivais un vrai problème, j’ai enfin accès à un mode de résolution dont le bénéfice pourra être le seul facteur de choix. Je peux laisser les coups de mentons, les postures défensives, les cris ou les larmes au bureau des objets perdus, inutiles et vite oubliés.
Il reste toutefois une question importante : comment fait-ton pour analyser et résoudre un problème quand on l’a jamais fait?
Par exemple, les cadres dirigeants sont rompus à l’exercice. ils n’ont pourtant rien à vous envier d’un point de vue analytique. leur atout est ailleurs, ils répètent cette technique plusieurs fois par jour. c’est le secret du développement de la compétence. la répétition.
D’après Eric Kandel, célèbre neuroscientifique avec pas moins de deux prix Nobel à son actif, plus nous faisons quelque chose plus nous sommes compétents. Vous allez me dire, il n’est pas nécessaire d’avoir un prix Nobel pour savoir ça. Mais ce qui est dans cette phrase est plus subtil qu’il n’y parait. On a souvent tort de de lire cette phrase pour son côté positif. à savoir l’acquisition d’un geste ou d’une technique. Cette assertion fonctionne aussi dans l’autre sens.
Si plusieurs fois par jour, j’ai une pensée d’appartenance qui m’explique je suis nul et que je n’arriverais jamais à régler mes problèmes, je vais devenir très compétent à ne jamais régler mes problèmes. Si je me répète que je suis peureux, je vais être très compétent à exprimer ma peur physiquement, dans mes pensées et mes comportements.
Sortir de ce cercle vicieux va me demander une petite prise de risque les premières fois. avec le bon accompagnement et les encouragements adéquats, il m’est possible de sortir du cercle vicieux pour entrer dans le cercle vertueux, le cercle qui recherche mon bénéfice et mon bénéfice uniquement.

Le malentendu n’est donc pas une fatalité mais sa persistance est fatale pour nos relations.

Sortir du cercle est une mesure qui dépend de vous. en cela, elle n’est pas irrémédiable.
On fait dire à Einstein, pour donner du poids à cette citation, que « La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent », cette phrase est en réalité tirée de la nouvelle « sudden death » de Rita Mae BROWN.
Son image est limpide. pour sortir du cercle, il est indispensable de changer son comportement. En faisant reposer un résultat différent sur l’autre, les évènements, le karma, etc. Je me dépossède de ma responsabilité. je prends le risque (calculé) de ne rien changer. Ainsi, sortir de la fatalité nécessite que je prenne la Responsabilité de la résolution de mes problèmes. J’ai mal entendu, je fais répéter. j’ai mal compris, je demande des précisions. J’ai blessé quelqu’un que j’aime, je m’explique. En persistant, lorsque j’ai mal compris, c’est parce que l’autre c’est mal exprimé, si j’ai blessé quelqu’un, c’est qu’il est trop fragile, si j’ai mal entendu, c’est que l’autre ne parle pas assez fort.
J’aime bien l’adage : Errare humanum est, perseverare diabolicum. l’erreur est humaine, persévéré est diabolique. L’erreur en soit est inévitable. persévérer en connaissance de cause est une faute (NDA : faute est le sens que je retiens pour diabolique).
Alors, je commence quand ?